5 conseils pour réussir son discours en public
A moins d’être comédien professionnel, s’exprimer en public ne s’improvise pas. Cicéron a passé sa vie entière à penser et théoriser l’art rhétorique dont il est devenu l’un des plus grands spécialistes de l’Histoire. Rassurez-vous, personne ne vous demandera de vous mesurer à l’illustre philosophe romain ; mais voici quelques astuces qui rendront à coup sûr votre discours impactant auprès de votre public.
1. Construisez votre discours
Un discours réussi, c’est d’abord un discours pensé et construit en amont. Demandez-vous toujours pourquoi vous prenez la parole et pourquoi ce que vous dites mérite d’être entendu.
Renseignez-vous aussi sur votre auditoire pour adapter vos mots et expressions. Le but : rester cohérent avec la culture de votre public.
Un discours percutant doit se structurer ainsi : une attaque forte, qui vous êtes (prénom, nom, fonction), le pourquoi (la problématique, la raison de votre prise de parole), le comment (la manière de répondre à votre problématique), le quoi (ce que vous proposez, ce que vous êtes, votre produit, votre société) avant de conclure par une chute mémorable. N’oubliez pas à ce propos que si l’attaque va attirer l’attention du public, la chute fera en sorte qu’on ne vous oubliera pas.
Enfin, un discours doit obligatoirement comporter plusieurs éléments de storytelling personnel. N’hésitez pas à parler de vous et partagez des anecdotes. Bref, apprenez à dire « Je ».
2. Entraînez-vous quotidiennement, mais n’apprenez pas par cœur
Si le travail est l’ennemi de l’inspiration selon Voltaire, il est le meilleur ami de l’orateur. Un discours se prépare, se travaille, et surtout se répète. Quotidiennement. Mais attention, ne l’apprenez pas par cœur, jamais. A moins d’être acteur, un discours récité ou lu ne sera pas authentique. Or, un auditoire attend toujours de la fraicheur et de la spontanéité.
Le public souhaite que vous communiiez avec lui, naturellement, sans avoir l’impression que vous avez tout préparé mais plutôt que vous êtes en train d’improviser. C’est pourquoi il est capital de s’entrainer tous les jours afin de mémoriser les différentes parties du discours, ses articulations ses punchlines, et d’être à l’aise pour les relier. Vous pouvez d’ailleurs prendre avec vous quelques notes. Des notes seulement, jamais votre discours.
3. Maîtrisez-votre stress
L’angoisse est à la fois un atout mais aussi le pire ennemi de l’orateur. Si le stress peut vous donner des ailes, il peut aussi vous plomber un discours et vous faire perdre tous vos moyens. C’est pourquoi il faut appréhender l’angoisse en amont, se dire que le jour J, oui, vous stresserez et que c’est tout à fait normal. Pensez à cette phrase lancée par la grande actrice Sarah Bernhardt à une apprentie qui se félicitait de ne pas avoir le trac : « ça viendra avec le talent ».
L’angoisse est à la fois un atout mais aussi le pire ennemi de l’orateur.
Pour le canaliser, il faut le matérialiser. Pensez à toutes les occasions potentielles de stress le jour J et visualisez-les pour mieux vous approprier votre angoisse. Dites-vous que vous jouez un rôle. Le personnage que vous incarnez en public doit prendre le pas sur votre personnalité.
Enfin, dites-vous que chaque acteur, chaque musicien, chaque homme politique et chaque orateur connaissent le stress. Ce dernier, particulièrement vif les quelques secondes avant votre entrée, se dissipe presque toujours dès vos premiers mots. Ensuite, profitez et prenez du plaisir à parler, à communiquer vos messages. Votre discours n’en sera que plus empathique. Et l’empathie, c’est la clé. N’hésitez pas à partager votre stress ou vos maladresses avec votre audience. Vous n’êtes pas un robot. Soyez vivant, soyez humain soyez donc imparfait.
4. Captivez votre auditoire avec votre regard et vos gestes
Une fois sur scène tout commence. Devant vous, des dizaines, des centaines d’yeux vous fixent. Qui regarder ? Dans quelle direction ? Le regard est primordial dans un discours. Il capte l’attention et créé un lien entre vous et votre public. Ne fixez donc jamais un point au milieu de la salle. Votre regard paraitra vide, les spectateurs le verront. Ne balayez pas non plus la salle rapidement en vous disant que vous englobez tout le monde et que ça passera : non, le public n’est pas dupe et là encore il le verra. Sachez qu’il souhaite avant tout que vous vous adressiez à lui et donc que vous le regardiez dans le blanc des yeux. Vous devez donner l’impression de vous adresser à chacun et chacune.
Mais comment faire devant une centaine de personnes ? La méthode est simple : divisez mentalement la salle en 6 ou 8 carrés, en haut, en bas. Puis commencez par parler à une personne précise dans le premier carré, dans les yeux : captez son attention, restez sur elle 5-6 secondes puis passez à une autre personne dans un autre carré et ainsi de suite. Lorsque vous reviendrez dans votre premier carré, fixez un autre spectateur ou spectatrice puis recommencez. Ainsi, vous gagnerez l’attention des personnes que vous avez regardées mais aussi celle des autres qui verront que vous vous adressez réellement à votre public.
Sur scène bougez, occupez l’espace dans un périmètre bien défini. Si vous le pouvez, restez le plus proche possible de votre audience. Rendez vivant votre discours avec vos gestes. Par exemple, parlez avec vos mains lorsque vous dites quelque chose de fort ou que vous dénoncez. Soyez théâtral sans en faire trop. Pour celles et ceux qui s’appuient sur des slides, dites-vous que ce sont les slides qui doivent vous suivre et non l’inverse.
Enfin, restez le plus droit possible à la fois pour mieux faire circuler l’air dans votre corps et ne pas avoir à reprendre votre respiration mais aussi pour élever votre regard et gagner en charisme.
5. Jouez sur les intonations de votre voix
Terminons par l’essentiel, l’arme de l’orateur : sa voix. Sur scène celle-ci doit être forte, même avec un micro. Parler fort réhausse votre diaphragme, vous forçant ainsi à ralentir votre débit et surtout à vous éviter de vous asphyxier en cas de stress.
Faire vivre le discours en modulant le volume, les intonations et le rythme de la voix.
Des propos impactant doivent être prononcer fort et lentement. Le débit moyen d’un bon orateur est compris entre 130 et 160 mots par minute ; en comparaison, le débit moyen d’une conversation varie entre 200 et 250 mots par minute. Ralentissez mais restez vivant. Appuyez certains mots. Marquez des expressions. Jouez avec votre voix, dites-vous que vous racontez une histoire : vous devez faire vivre votre discours en modulant le volume, les intonations et le rythme de votre voix.
Il est également primordial de jouer sur les silences. Rappelez-vous la célèbre phrase de Miles Davis selon qui la note la plus importante est le silence qui vient après une note. Un silence réveillera votre auditoire et le captivera, il attendra la suite avec impatience. C’est pourquoi, lorsque vous arrivez sur scène, avant de commencer votre discours, taisez-vous pendant une dizaine ou une vingtaine de secondes, vous baladant et regardant le public. Cette entrée marquera les esprits et surtout suscitera immédiatement l’attention de votre auditoire.